À cette époque-là parut un édit de l’empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l’Empire. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David. Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte.
Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva,
et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes. (Luc 2:1-7)
Si ce passage biblique est bien connu pour relater ce que toute l’Église croit depuis des siècles, il n’en reste pas moins que la simplicité de l’écriture ne peut nous laisser indifférent quant à la qualité des renseignements qui nous sont donnés ici.
Luc, l’historien, se soucie de nous apporter des précisions très utiles quant à la situation historique de ce grand et commun événement. Grand en ce qu’il s’agit du Fils de Dieu qui est venu naître dans le monde ; grand aussi en ce que cette fête s’est perpétrée durant tant de siècles et nous occasionne un superbe moment de joie et de bonheur. Mais aussi commun, en ce que ce récit relate une naissance comme il y en a bien d’autres dans le monde ; également commun en ce que la naissance est un portail d’entrée dans l’humanité.
À la fois grand et commun, en ce que Dieu a choisi de venir parmi nous pour marcher au sein de l’humanité. Sa divinité ne L’a pas empêché de se faire homme. Il a déchiré le ciel pour descendre sur terre (Ésaïe 64 : 1).
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Un petit peu d’histoire. L’empereur Auguste est né à Rome en 63 avant notre ère sous le nom de Caius Octavius. Son grand-oncle, Jules César, l’a alors en haute estime. Il le désigne comme son successeur. À la mort du Général Jules César en 44 av. J.-C, Octavius est déclaré fils et héritier de César. Il prend alors le nom de Caius Julius Caesar. Son règne durera quarante et un ans. Il meurt à 75 ans en 14 AD. Il fut le premier empereur romain. Administrateur, il établit un service de police et de pompier à Rome. Il établit également plusieurs grandes réformes dans l’empire dont notamment un service postal. C’est en 27 avant J.-C., que le sénat romain accorde le titre honorifique d’Auguste à Caius Octavius. Auguste signifie majestueux, sublime.
Quirinius quant à lui était un général et administrateur romain. Il fut élevé au rang de consul par l’empereur Auguste en l’an 12 avant J.-C. en récompense de tous les services qu’il avait rendu à l’empire romain. Le recensement dont Luc parle dans ce texte remonte au temps où Quirinius était Gouverneur de la Syrie et donc de la Judée. Le souci de Luc d’éclairer le lecteur sur ces faits historiques nous amène à considérer son désir de situer dans le temps la naissance de Jésus.
De plus, la simplicité et la fluidité du texte nous amène à considérer l’amour de Dieu envers l’humanité.
Le texte. Ce texte nous amène à considérer les points suivants :
- L’action se passe durant une période de recensement général dans l’empire Romain. Bien que l’on traduise souvent par : toute la terre, nous pourrions facilement traduire par : empire romain. Pour les Romains, tout ce qui était en dehors de l’empire était considéré barbare et non-civilisé ;
- La mention de deux grands dirigeants romains permet de situer à la fois l’époque du recensement et donc la naissance de Jésus. Nous savons que les romains effectuaient des recensements tous les quatorze ans ;
- Chez le peuple Juif, le recensement se faisait par regroupement de famille et chacun devait se rendre dans la ville de ses aïeux. Il est à comprendre que c’est à Bethléem que les registres familiaux de Joseph sont conservés (voir 1 Samuel 20 : 6 où il est écrit que la ville de Bethléem est la ville de David)
- Joseph, époux de Marie, ne déroge pas au règlement et se rend à Bethléem d’où est issue sa famille. Bien que Marie soit son épouse (Matthieu 1 : 20,24), elle est appelée fiancée dans le texte. Ceci s’explique par le fait que Joseph ne connaîtra sexuellement Marie qu’après la naissance de l’enfant Jésus (Matthieu 1 : 25) ;
- C’est à Bethléem que Marie met au monde son bébé. La grossesse vient à terme et Marie met au monde son enfant premier-né et non son enfant unique. Jésus eut des frères et sœurs. (Matthieu 13 : 55, 56 ; Marc 3 : 31)
- Aucune place n’est disponible pour loger le couple. Est-ce à cause du monde qu’il y avait dans la ville en raison du recensement en cours ? Aucune chambre confortable n’est libre, il ne reste qu’un espace qui sert d’hébergement pour les animaux. Ainsi le Fils de Dieu au lieu de naître dans un palais commence sa vie parmi les plus pauvres.
L’amour de Dieu. L’Église fête depuis des siècles la naissance de Jésus, Dieu parmi nous, signification du nom Hébreu Emmanuel. (Lire Ésaïe 7 : 14 et Matthieu 1 : 23) Dieu n’est pas aussi étranger à l’humanité que l’on voudrait le croire. Sa proximité est telle qu’Il a choisi le moyen naturel de venir dans le monde : la conception et la naissance. Une conception quelque peu extraordinaire puisque Marie conçoit un enfant par l’entremise de l’Esprit Saint. Cela confère à Jésus d’être à la fois véritablement Dieu, par cette conception particulière, tout en étant par la chair de Marie, véritablement Homme. De plus, Jésus devient par son père adoptif Joseph, descendant du roi David. Dieu ne laisse pas son peuple dans le désespoir. Mieux que de faire des promesses, Il vient dans le monde pour réunir ce monde à Lui. La naissance de Jésus, pointe vers cette résurrection à venir afin que la mort, la séparation d’avec Dieu, soit abolie.
La délicatesse de ce passage nous amène à considérer toute la douceur du message véhiculé. Dieu a choisi d’intervenir dans l’anonymat d’une naissance perdue au fond d’une étable ; un bébé est déposé là, emmailloté et couché dans une mangeoire. Les Évangiles nous apprendront à grandir avec cette bonne nouvelle d’un Dieu venu parmi nous pour notre réconciliation avec Lui.
lorsque le moment est vraiment venu, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi (Galates 4 : 4)